Durant mon stage, certains résidents ont manifesté leur mécontentement de voir la veilleuse de nuit entrer dans leur chambre à vingt deux heures, tous les soirs, au début de son service, afin de vérifier que tous les adultes sont présents. Ces «contrôles » qui n'étaient pas institutionnalisés, le sont devenus, quelques mois après le début de mon stage, à la suite d'une fugue d'un résident, pris d'une crise d'angoisse durant une soirée.
Certes, la veilleuse prend le soin de frapper à la porte, s'il y a de la lumière dans la chambre, cependant, elle entre dans la chambre des adultes s'ils sont couchés afin d'attester de leur présence. Dès lors, il y a violation de leur intimité car ils ne peuvent avoir de vie privée. L'institution, par le biais de la veilleuse, a connaissance des relations amicales, intimes et/ou sexuelles que peuvent nouer les résidents entre eux.
Au travers de cet exemple, se traduit la problématique de concilier respect de l'intimité et de la sexualité, avec la mission première des institutions médico-sociales, à savoir, veiller à la sécurité physique et psychique de la personne accueillie en son sein.
Ce paradoxe s'est concrétisé, hors d'une réunion de l'équipe éducative. En effet, tandis que certains éducateurs justifiaient l'intrusion de la veilleuse dans la chambre des résidents, par la nécessité de protéger le résident et l'institution, les autres éducateurs, sans réfuter cette obligation, expérimentaient la nécessité de laisser l'institution en dehors de la chambre de l'adulte, en leur permettant d'avoir des lieux et des moments d'intimités dans leur vie «institutionnalisée », parfois depuis leur plus tendre enfance. Cet épisode m'a amené à m'interroger sur les limites d'intervention de l'éducateur.
Jusqu'où les professionnels sociaux peuvent-ils accompagner l'adulte handicapé vivant en institution ?
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